Conseils d'écriture

Auteurs, pensez à la diversité !

Avertissement préalable : par cet article, je ne vise qu’à soulever un point d’attention pour les auteurs. Je ne veux pas faire de leçon de morale, mais encourager le réalisme de l’histoire. À titre personnel, je suis contre la discrimination, même positive.

 

  • Les femmes

Dans la littérature de l’imaginaire, l’image de la femme est souvent controversée. On observe souvent un manque de réalisme dans sa tenue par exemple, lorsqu’elles se promènent en soutien-gorge-culotte, là où ses compagnons masculins portent des armures et des casques. Eh oui, une femme peut aussi avoir froid et se prendre un coup de flèche et d’épée, qui l’eut cru ?

Côté rôle, elles sont souvent limitées à deux : la demoiselle en détresse, pure et innocente, dont le héros tombera amoureux, et la méchante sorcière dragueuse et manipulatrice. Ces traits ne sont pas irréalistes en soi, car il y a effectivement des filles comme ça, mais le deviennent si ce sont les deux seuls rôles féminins du récit.

Cela nous amène au syndrome de la schtroumpfette: bien souvent, il y a un manque cruel de rôle féminin dans l’univers créé par les auteurs. Or, les femmes représentent la moitié de la population. Je ne vous demande pas de rajouter des rôles complexes féminins, mais pourquoi ne pas changer le commerçant en commerçante, le fermier en fermière ou encore le sexe de celui qui devait donner un renseignement ? N’hésitez pas à le faire. Ça ne changera pas le récit, mais augmentera le réalisme de l’histoire.

Les aptitudes physiques : les femmes sont capables de porter de lourdes charges. Et oui, autrefois, elles participaient aux travaux des champs, portaient les seaux d’eau pleins ou de lourds paniers. Les femmes ne sont pas contre se battre, n’avons-nous pas des femmes soldats, pompiers ou policières ?

La personnalité : s’il y a bien un cliché qui m’énerve, et que je retrouve beaucoup sur les sites d’entraide des écrivains, c’est le besoin d’expliquer la personnalité forte d’une femme par un viol. NON ! On peut être forte et indépendante sans avoir vécu un drame horrible dans son enfance !

LE test pour savoir si vous êtes sexiste sans le savoir : le test de Bechdel, et croyez-moi, beaucoup de films ne le passent pas ! Il est relativement simple :

  • Présence deux personnages féminins dans l’œuvre (avec un nom).
  • Elles ont une conversation ensemble
  • Lorsque c’est le cas, elles ne parlent pas QUE du personnage masculin.

 

  • Les blancs

À l’heure où on reproche régulièrement à Hollywood le « white washing », c’est-à-dire donner des rôles de personnes de couleur à des blancs, cette question n’est pas si anodine. On pourrait croire la fantasy loin de ses préoccupations, en raison de la multitude des races (nains, elfes, orques…) présentes dans les œuvres. Pourtant, les traits de ces personnages sont généralement caucasiens.

Il est normal que l’auteur, lorsqu’il visualise ses personnages, reprenne les traits physiques qui lui sont proches, en rapport à ses origines. Être conscient de ce travers permet de se poser la question : « et si mon personnage était noir, asiatique, amérindien, hispanique ou encore du Moyen-Orient (que sais-je encore), est-ce que ça changerait quelque chose ? ». Si la réponse est non, alors pensez-y sérieusement.

Un bémol : la cohérence. Cependant, pour des raisons de cohérences (historique notamment), il est parfois nécessaire de ne pas avoir de diversité ethnique. La loi américaine obligeant les productions visuelles à avoir un pourcentage de noirs dans les personnages principaux est un non-sens pour certaines séries ou films. Par exemple, voir un Asiatique ou un noir dans une production qui se passe dans l’Occident médiéval est aussi stupide que de voir un blanc dans un film sur l’Amérique précolombienne. Ou alors il faut très bien le justifier (ex. : Robin des Bois, prince des voleurs, 1991).

 

  • Les hétéros

La sexualité d’un personnage est de base hétérosexuelle. Si l’auteur choisit le contraire, c’est que c’est nécessaire pour l’histoire, avec le risque de caricaturer les traits. Or, dans la vie réelle, l’attirance sexuelle d’une personne n’est pas inscrite sur son front et n’influence pas plus que ça sa personnalité. Alors, pourquoi ne pas mettre un peu plus de diversité, par touche légère.

ATTENTION : il ne s’agit pas de coller l’étiquette « homosexuel » dans sa description, comme si ce trait était aussi important que la couleur de ses cheveux, son métier ou encore ses vêtements, mais plutôt de glisser, lorsque c’est à propos, cette petite information.

J.K.Rowling s’est attiré les foudres de certains fans lorsqu’elle a révélé l’homosexualité de Dumbledore. Peut-être se sont-ils sentis trahis, car rien ne laissait transparaître. Oui, c’est justement le point. Elle ne voulait sans doute pas qu’il soit catalogué ou même rejeté. Pourtant, cette information donne de la profondeur à l’histoire de Dumbledore et Grindelwald.

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En conclusion :

Pour moi, la championne toute catégorie est J.K. Rowling qui propose des personnages féminins forts et de la diversité culturelle. Au sens large, je trouve que les productions anglo-saxonnes sont assez bonnes dans ce sens, notamment parce que l’Angleterre présente une mixité culturelle. Alors, auteurs, demandons-nous si nous ne pouvons pas enrichir un peu la société dépeinte dans nos livres tant que cela reste cohérent.

8 Comments

  • Julien Hirt
    octobre 23, 2017 at 9:41 am

    Quand le scénario du film « Alien » a été écrit, aucun des personnages n’était genré. Apparemment, Ridley Scott a pu choisir librement qui était un homme et qui était une femme. C’est pour ça que tous les personnages s’appellent les uns les autres par leurs noms de famille.

    A titre personnel, quand j’ai l’impulsion de créer un personnage masculin, je me pose toujours la question « Y a-t-il une raison pour que ça ne soit pas une femme? » S’il n’y en a pas, le plus souvent, j’opte pour un personnage féminin. Je suis le même principe pour les personnages que j’entrevois d’abord comme des personnages féminins. En procédant de cette manière, on en apprend beaucoup sur les associations de concepts que l’on a tendance à pratiquer sans même s’en rendre compte.

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    • Amélie
      octobre 23, 2017 at 11:03 am

      Pour ma part, les personnages principaux sont déjà genrés dans ma tête. Pour les secondaires, je suis mon instinct et je vérifie si c’est crédible. Par exemple, pour mon peuple d’inspiration viking, j’ai lu que les femmes n’avaient pas une place si secondaire que cela (en comparaison à d’autres peuples que j’utilise) , alors je n’hésite pas à en mettre à la tête de domaines.

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      • Julien Hirt
        octobre 23, 2017 at 11:10 am

        Comme j’écris essentiellement de la fantasy, je n’ai pas besoin de respecter un modèle historique. Par contre, il s’agit d’un genre traditionnellement très sexiste, selon moi, et il existe passablement d’images et de représentations dévalorisantes qu’il est important d’avoir en tête. En particulier, la fantasy a tendance à utiliser presque exclusivement des personnages féminins dans le rôle des victimes.

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        • Amélie
          octobre 23, 2017 at 1:04 pm

          J’écris également de la fantasy, mais avec un aspect historique sous-jacent. Effectivement, la fantasy, surtout écrite par des hommes, a tendance à reprendre le modèle féminin de la princesse en détresse ou de la méchante manipulatrice. Heureusement, il y a des exceptions.
          J’avais lu une analyse très intéressante sur le personnage de Katniss Everdeen dans Hunger Games. Le fait que finalement elle concentre les rôles et attributs normalement masculin casse ce cliché (fonction nourricière-chasseuse, guerrière et elle est « nulle » dans les fonctions féminines traditionnelles comme la guérison ou la séduction).

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  • elodiepobelle
    janvier 1, 2018 at 10:52 pm

    Article très intéressant, merci !

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  • envolee92
    février 17, 2018 at 10:09 pm

    Franchement, ça fait du bien de lire de tels articles ! C’est tellement important que les auteurs et les autrices commencent à se poser de vraies questions sur les représentations qu’ils/elles véhiculent dans leurs textes… notamment en SFFF. À mon avis tous les clichés ne doivent pas être éradiqués, mais ils doivent tous être compris et conscientisés. Rien de pire que d’écrire des personnages limités par leur genre, leur ethnie ou leur sexualité, de manière inconsciente.

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    • Amélie
      février 18, 2018 at 8:59 am

      Tout à fait d’accord. Merci !

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