Mythologie

Les cultes à mystères dans l’Antiquité.

Cela faisait un moment que je réfléchissais à faire un article plus axé sur la mythologie. Et puis avec le printemps et Pâques, j’ai eu un déclic. Je vais présentez les cultes à mystères. Vous ne voyez pas de quoi il s’agit ? Ça tombe bien, je vais vous expliquer.

Attention : il ne s’agit pas ici de faire une conférence ou un colloque sur le sujet, mais bien de vulgariser et d’expliquer grosso modo en quoi cela consiste. Pour les initiés (sans mauvais jeu de mots), je suis consciente qu’il s’agit surtout d’un résumé grossier.

 

  • C’est quoi ça encore ?

Les cultes à mystères trouvent leurs racines dans les religions antiques. En parallèle de la religion dont les rites et les cultes sont ouverts à tous, se sont développés des petits groupes à l’image des sociétés secrètes actuelles. Centrés autour d’un culte particulier, comme nous allons le voir, les cultes à mystères englobent tout un ensemble de rites initiatiques pour que le postulant, appelé myste, devienne un initié. Une fois que c’est le cas, il a accès à un autre niveau de connaissance. Les cultes à mystères relèvent donc de la constitution d’un groupe dont l’accès restreint, le tout englobé dans des pratiques symboliques, voire ésotériques.

Ces cultes proviennent de la partie orientale du bassin méditerranéen dans leur origine. Certains, comme ceux d’Éleusis, sont rattachés à un sanctuaire précis, d’autres se diffusent dans l’aire européenne comme ceux de Mithra.

 

  • Comme toujours, les sources font défaut.

En raison du caractère sacré de l’initiation, il est assez difficile d’avoir des informations sur son déroulement exact. Si certains moments sont publics, notamment les processions, d’autres sont privés et donc moins documentés. Cependant, quelques traces ont perduré, en particulier dans l’histoire de l’art. Quelques témoignages également viennent agrémentés nos connaissances. Les cultes les plus connus restent ceux d’Éleusis, et sa grande procession reliant Athènes et Éleusis, ou encore de Mithra, dont j’ai déjà pu parler ici. Il en existait d’autres, rattachés à Dionysos, Isis et encore Cybèle, pour ne citer que quelques-uns.

Tablette de Ninnion, représentant Démeter et Perséphone accueillant la procession d’Eleusis. Musée archéologique national d’Athènes

 

  • Un parcours semé d’embûches

L’initiation se faisait sur la base de l’invitation et du libre choix. Il faut le voir plus à l’image d’une société secrète moderne. Les non-initiés, c’est-à-dire la majorité des gens, n’étaient pas mis à l’écart de la société et sa non-appartenance n’induisait rien de particulier.

Le myste, est donc convié à un instant particulier de l’année, dans un lieu précis, parfois après s’être dévêtu et souvent à jeun. Il emprunte par la suite un chemin dans le noir (sous terre ou de nuit) semé d’épreuves destinées à éprouver ses qualités, en particulier physiques. A un moment, il est souvent question d’une chute, de laquelle il se relève. Après cette mort symbolique, il revient à la vie et doit retrouver la lumière. En remontant à la surface, ou en haut de la colline, il en ressort initié et donc ayant accès à certaines connaissances que les autres n’ont pas.

Il existe parfois toute une hiérarchie au sein des initiés, qui doivent passer des épreuves pour grimper les échelons.

Les différents niveaux du mithraïsme. Mitreo di felicissimo, ostia antica.

 

  • Une question de symbolisme

Si chaque culte à mystères est différent et qu’il convient de les traiter séparément, on peut cependant souligner les similitudes entre eux. Ce qui est curieux, c’est leur lien avec le printemps, la renaissance et la fertilité. En effet, les mystères d’Éleusis s’adressaient à Déméter, déesse grecque de l’agriculture et de la fertilité. Les rites rappelaient le séjour de sa fille Perséphone chez Hadès, durant lequel Déméter est en deuil (l’hiver). Lors de son retour à la surface et donc à la vie, sa mère de nouveau heureuse fait repousser la végétation. L’épi de blé est un symbole que l’on retrouve dans les mystères d’Éleusis.

Or, Mithra est lié également à la fertilité. C’est aussi le cas de Cybèle, perçue au fil du temps comme une « déesse mère ». Son culte est lié à la fertilité et l’émasculation, ainsi qu’à la mort et au retour à la vie de son amant Attis. Dionysos, dieu de la vigne et du vin, lui aussi sujet à un culte à mystère, est passé par la mort et la renaissance. Citons encore Isis et de sa quête pour reconstituer le corps de son mari Osiris et le ramener à la vie. Là encore, rappelons qu’une partie n’est jamais retrouvée, je vous laisse deviner laquelle.

 

  • Leur héritage dans la culture actuelle.

Ces cultes à mystères sont intéressants pour deux points.

Le premier est la reprise du parcours suivi par le myste dans des sociétés secrètes plus tardives. Je pense notamment à la franc-maçonnerie. Lors de la visite des souterrains de Provins, vous pouvez passer par plusieurs galeries qui servaient à l’initiation de nouveaux postulants. On retrouve notamment le petit trou dans lequel ils tombaient, encore cette histoire de chute et de souterrains.

Aujourd’hui encore, le parcours du myste ressemble à celui du héros de fiction qui fait son voyage initiatique. D’ailleurs, je me suis amusée à reprendre cette symbolique par deux fois dans ma trilogie « La Terre des héros ».

Le second est plus personnel et sujet à controverse. Je ne peux m’empêcher de faire le parallèle entre les fêtes de Pâques et les cultes à mystères. Les derniers instants de la vie de Jésus me font souvent penser au parcours du myste, avec les différentes épreuves que sur le chemin de croix, la mort, l’enfermement dans le tombeau et la résurrection, à la lumière, sous une nouvelle forme de conscience. Le tout durant une période printanière. Cette réflexion est à prendre avec des pincettes cependant, en raison du caractère tardif des cultes à mystères. Celui de Mithra notamment, s’est développé en parallèle de l’essor du christianisme. Dans ce cas précis, on peut se demander qui a influencé qui.

 

J’espère que ce point vous a intéressé. Naturellement, je le redis encore, il s’agit d’un grossier résumé. Les plus curieux pourront se renseigner sur le sujet en lisant des articles d’historiens.

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