Mythologie

Les terres légendaires 2e partie

Voici la suite des terres légendaires: (1e partie ici).

Lyonnesse :

le royaume de Lyonesse serait, d’après la légende, le lieu de naissance de Tristan. Son père en aurait d’ailleurs été le roi jusqu’à l’engloutissement de cette terre. Le chevalier aurait échappé à la submersion tandis qu’il rendait visite à son oncle Marc roi de Tintagel. On retrouve également une version qui place la catastrophe au moment de la défaite d’Arthur face à Mordred. Alors que ce dernier tentait d’envahir le royaume de Lyonesse, Merlin serait intervenu et aurait englouti armée et île. Les sources s’accordent toutes pour placer ce royaume au large des terres de Cornouailles. Les historiens identifient les îles Scilly comme à l’origine de la légende. Cet archipel était peuplé depuis le néolithique. Au IVe siècle, les textes parlaient encore d’une seule et même île. Les Chroniques anglo-saxonnes évoquent en 1099 un puissant raz-de-marée engloutissant les terres et les villages. S’agirait-il de cet évènement ?

 

Avec le christianisme qui prend le pas sur le paganisme, les légendes de terres oubliées changent de dimension. Au Moyen-âge, elles apparaissent comme un paradis terrestre, ou un jardin d’Éden.

L’ile de saint Brendan :

saint Brendan est célèbre pour sa navigation. Au départ, Saint Brendan cherchait une île précise semblable au Jardin d’Éden, mais son errance dura sept ans et fut l’occasion pour lui de visiter de nombreuses iles. Ce récit hagiographique, évoque au lecteur une Odyssée à forte valeur chrétienne, puisque la dernière n’est rien d’autre que le Paradis. L’idée d’une île magnifique et fantôme dont les côtes embrumées empêchent l’approche a connu un succès certain. Plusieurs navigateurs ou géographes se penchèrent sur le sujet. Les Portugais identifièrent l’île comme appartenant aux Canaries. Au cours des siècles, des témoignages vinrent étoffer la légende, mais les expéditions ne donnèrent rien. En 1976, un écrivain et navigateur, Tim Severin tenta le voyage d’après un parcours édulcoré et plausible. Il arrive sur les côtes de Terre Neuve. Et si le récit de Saint-Brendan dissimulait un témoignage de la traversée de l’Atlantique sous une épaisse couche de merveilleux ?

Royaume prêtre Jean

Nous quittons la sphère celtique pour aborder une légende purement chrétienne. En 1145, un évêque allemand (Otton de Friesing) raconte dans ses chroniques que le pape a reçu le témoignage de l’évêque de Syrie concernant un roi-prêtre. Ce prêtre Jean combattrait avec succès à l’Est et disposerait des grandes richesses indiennes. À l’heure où l’Occident chrétien perd des terres face aux musulmans, cette histoire a de quoi séduire. Le pape Alexandre III fit même envoyer une lettre demandant une alliance au nom de la chrétienté. La légende prend de l’ampleur en parallèle de l’avancée de l’Islam autour du bassin méditerranéen. Elle offre un espoir à la Chrétienté. Si l’on enlève les descriptions exubérantes, la légende ne parait pas si infondée. Les historiens savent qu’à la même époque, le nestorianisme, un courant chrétien, se diffuse dans la région de la Mongolie actuelle. Au XIVe siècle, on déplace le royaume vers l’Éthiopie ou Abyssinie où demeure une poche chrétienne. Il faut dire que les géographes plaçaient cette région à proximité de l’Inde.

 

Avec la Renaissance, la recherche d’un paradis perdu ou d’un allié religieux est concurrencée par les rêves d’or et d’abondantes richesses. Au lieu d’aspirer à une vie paisible et exempte de toute guerre, on vise désormais l’enrichissement personnel. Ces aspirations se placent dans le contexte des Grandes Découvertes, propices à l’exploration de terres inconnues et étranges désormais accessibles.

gold-1633073_640

Les cités d’or 

originaire du XIIe siècle, ce mythe a surtout connu du succès à partir du XVIe siècle avec les conquêtes espagnoles en Amérique. Au départ, il s’agissait d’une légende selon laquelle sept évêques de Mérida (Espagne) fuirent la ville avec l’or afin de le mettre à l’abri des Maures. Ils fondèrent deux cités lointaines Quivira et Cibola qui devinrent prospères. Au fil du temps, le mythe évolua et les deux cités furent décrites comme faites d’or. Il influença plusieurs expéditeurs à la recherche de cet or. Les villes devinrent sept. En 1539, Antonio de Mendoza entend les rumeurs de cités d’or au nord du Mexique. Il se base sur le témoignage du  franciscain et explorateur Niza qui prétend avoir trouvé les cités. Mendoza envoie plusieurs expéditions, dont une menée par Coronado, qui s’avèrent infructueuses.

L’Eldorado

En 1537, le conquistador Gonzalo Jiménez de Quesada découvre dans l’actuelle Colombie le peuple des Chibchas. Un de leurs rites religieux consistait à offrir au dieu Muisca de l’or et des pierres précieuses ainsi qu’à recouvrir de poussière d’or le roi. Il fut appelé « rey dorado » qui devint Eldorado, un pays.  La légende prit de l’ampleur, fut déformée et déplacée. Pizzaro tenta une expédition en 1541. En 1596, Walter Raleigh entreprit ses recherches en Guyane. D’autres tentèrent leur chance par la suite, mais personne ne trouva l’Eldorado.

Sierra de la Plata

Prenez un navire espagnol qui s’échoue au large du Brésil, des autochtones qui décrivent une montagne lointaine faite de métal précieux et vous obtenez un mythe qui pousse les hommes à se lancer dans une mission d’exploration. À défaut de survivre à l’expédition, ils ont au moins donné son nom à l’Argentine.

Païtiti :

En 1533, Pizarro qui avait promis de libérer l’empereur après le versement de la rançon le tue. La légende veut que les Incas aient fui avec leur or dans la cité de Paititi. Elle n’a jamais été retrouvée, mais on cherche encore aujourd’hui (bon par un homme qui dit avoir trouvé des extraterrestres au Pérou…).

Vous pensiez qu’après tout ça, aucun nouveau mythe ne viendrait enrichir la liste ? Et bien c’est sans compter sur le XIXe siècle :

La Lémurie

Au XIXe, le zoologue Philip Lutley Sclater observe la répartition des lémuriens dans le monde. Comme ils ne savent pas nager et qu’ils sont présents de part et d’autre de l’Océan Indien, il en déduit qu’un continent englouti servait autrefois de pont entre les continents. Depuis, on a découvert le phénomène de la dérive des continents.

Mu

Au XIXe, Augustus le Plongeon découvre un codex maya qui témoigne de la disparition d’un continent. Ses habitants auraient fui soit vers l’Amérique pour fonder la civilisation maya, soit vers l’Égypte. Peu après, James Churchward reprend ces hypothèses et prétend avoir lu un codex indien compris par seulement trois personnes dans le monde qui confirmerait cette hypothèse. Il place le continent de Mu au niveau de l’île de Pâques. À défaut d’être scientifiquement vérifiée, cette hypothèse avait au moins l’avantage d’expliquer un bon nombre de mystères.

 

tumblr_makb5mf3vr1qhrffio1_1280

Allez on mélange un peu tout ça et ça donne un dessin animé culte.

***

Et vous ? De quelles terres légendaires avez-vous entendu parler ?

Pas de commentaire

    Laisser un commentaire