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Avis de lecture : La Datcha d’Agnès Martin-Lugnand

Cet été, je me suis essayé à la littérature blanche, à la fois par curiosité et dans l’espoir de dépasser mes a priori. Je suis tombée sur La Datcha, et voici mon avis sur cette lecture.

Pour être honnête, ce n’est pas un livre que j’ai délibérément choisi. Je me suis retrouvée en vacances en ayant fini les deux livres que j’avais apportés. Pour une question de poids dans la valise, j’ai renoncé à prendre un 3e. J’ai donc jeté un coup d’œil à la boite à livre de l’hôtel, mais entre les romans à l’eau de rose allemands et les policiers en anglais, j’ai joué la facilité en prenant le seul livre en français.

  1. Résumé

Je connais assez peu la littérature blanche, par manque d’intérêt, je le reconnais. La plupart du temps, les résumés ne m’emportent pas, voire me rebutent. En ce qui concerne La Datcha, la quatrième de couverture n’est pas du tout parlante. C’est un extrait du premier chapitre, rien qui puisse vraiment donner une idée du thème abordé. Du coup, je préfère vous proposer une présentation de mon cru :

Hermine, une jeune fille paumée et SDF, erre sur les chemins de France. Lors d’une escale en Provence, elle fait la rencontre de Jo, qui lui propose un poste de femme de chambre pour son hôtel, qu’elle accepte. Vingt ans plus tard, Jo meurt et Hermine navigue entre la gestion de l’hôtel, son divorce, ses enfants et les secrets familiaux.

  1. Une ambiance très mélancolique

Le choix de placer l’action autour de l’enterrement de Jo, puis celui de Macha donne à l’ensemble une ambiance mélancolique. Ce n’est pas triste, ni joyeux, juste mélancolique et lent. C’est un peu l’impression qui me reste en ayant terminé le livre : d’avoir été embarquée dans une certaine torpeur qui laisse une note légèrement amère. Je reconnais que lire des histoires de divorce, de deuil et de soucis professionnels n’est déjà pas ma tasse de thé durant l’année, mais encore moins pendant des vacances. Définitivement, j’aurais préféré que l’ensemble soit plus doux, poétique, « feel-good ».

  1. Une jolie plume.

Je dois reconnaitre que la plume d’Agnès Martin-Lugnand est bonne. Les passages ne trainent pas en longueur, les phrases sont bien construites, les descriptions simples et efficaces. Certes, je n’ai pas ressenti une explosion d’admiration pour son style, mais je reconnais qu’elle se défend très bien. C’est littéraire, sans être pompeux. De plus, je suis bien rentrée dans les lieux.

 

  1. À propos du « show don’t tell »…

Je suis une fan de ce conseil d’écriture. Ne dites pas, montrez-le. Je l’aime pour deux raisons. La première, cela permet de jouer sur l’ambiguïté de la compréhension de l’évènement. Si on dit au lecteur ce qu’il s’est dit ou passé, il le croit. Si on le montre, il est libre de faire ses propres conclusions. Deuxièmement, cela donne du dynamisme aux scènes. Les dialogues et les actions permettent de faire passer le message aussi bien, voire mieux, que les scènes de narration. Naturellement, il faut savoir doser pour alterner les passages. Ici, Agnès Martin-Lugnand ne l’utilise pratiquement pas. La plupart des informations sont données par la narratrice et le choix des souvenirs et des dialogues rapportés enlève d’autant plus les actions potentielles. Au final, il se passe assez peu d’évènements dans le livre, et la plupart de ces passages ne sont pas actifs. Cela insiste d’autant plus sur l’effet de torpeur et de mélancolie, sans doute voulu, mais que j’ai trouvé pesant.

  1. Le réalisme et la fin.

Bon, franchement, c’est le point qui me gêne dans ce livre. J’ai été déçue de la fin, et pas seulement parce qu’elle est ouverte. Un personnage brille par son absence. Vraiment. On apprend son existence qu’au milieu du livre, puis Hermine se souvient vaguement de lui, avant d’apprendre qu’il est central. De plus, le secret qui tourne autour de Vassili me parait vraiment bancal. Toute la construction de l’intrigue l’est en fait. Sous prétexte de bons sentiments chevaleresques (et complètement stupides) tout le monde sacrifie son bonheur… parce que. Tous taisent leur amour et le passé à Hermine pour ne pas faire souffrir un personnage pas du tout important dans leur vie et déjà en colère contre eux. Conclusion : les personnages souffrent pendant vingt ans pour rien, on découvre des manœuvres inutiles (alors qu’on aurait obtenu un meilleur résultat avec une simple discussion) et personne n’a le droit à un « happy end ». La fin laisse un gout de gâchis, et c’est bien dommage.

  1. Conclusion

C’est donc un avis mitigé. J’ai aimé me balader dans l’hôtel et le visualiser. Cependant, je n’ai pas passé un moment impérissable, sans non plus être mauvais. Sans doute que l’intrigue serait mieux passée chez moi s’il y avait eu quelque chose autour (historique, policier, romance…). Je n’en sors pas fâchée avec la littérature blanche, mais tout de même plus intéressée par la littérature de genre.

 

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