Lorsque j’ai vu que ce roman participait à l’OP All Star cet été, je me suis jetée dessus. Cette période de l’histoire anglaise me fascine depuis la série Les Tudors et je connaissais le travail de l’autrice grâce aux séries adaptées de ses livres : the White Queen et The White Princess. J’ai profité de mon été pour dévorer ce livre et vous proposer mon avis de lecture.
Genre: historique
-
Le contexte historique :
Le roman s’intéresse à la période de 1491 à 1529 en Espagne puis en Angleterre. La situation est complexe pour les deux pays. Alors que l’Espagne unie sous le couple Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille achève sa Reconquista avec la prise de Grenade en 1492, l’Angleterre quant à elle sort de la guerre des Deux-Roses. Cet épisode central de l’histoire anglaise désigne une guerre civile qui oppose deux familles rivales, les York et les Lancastre, à laquelle s’ajoute le camp des Tudors. Quand Henri VII vainc Richard III à Bosworth et épouse Elisabeth d’York en 1485, l’Angleterre se retrouve réunifiée. Le couple royal met au monde deux héritiers mâles : Arthur et Henri.
-
Présentation du roman :
Le roman commence avec l’enfance de Catherine d’Aragon, la petite dernière du couple royal espagnol, qui grandit entre les camps militaires et les batailles avant de s’installer à l’Alhambra. Fiancée depuis toujours à Arthur Tudor, le futur roi, elle s’est préparée à devenir la reine d’Angleterre et voit cela comme son destin. Pourtant, son arrivée et son mariage sont compliqués. Les différences culturelles, la météo et les manœuvres de son père pour ne pas payer toute sa dot rendent son intégration difficile. On suit ses premières difficultés ainsi que sa relation avec Arthur.
Lorsqu’Arthur meurt, elle se bat pour épouser Henri VIII et faire valoir ses droits en tant que future reine d’Angleterre. Le mariage a lieu après de nombreuses manœuvres politiques et une question cruciale : sa première union a-t-elle été consommée ?
-
Mon avis :
-
Les points positifs :
J’ai aimé en savoir plus sur l’histoire espagnole que je connais assez mal. C’est intéressant d’avoir le point de vue interne à la Reconquista et de voir comment Catherine qui adule ses parents commence à prendre de la distance sur leur politique, notamment à propos de la chasse des Juifs et des Maures après la prise de Grenade.
J’ai trouvé également passionnante la géopolitique de l’Europe. Derrière la question du premier et du second mariage se cachent de nombreux enjeux diplomatiques. J’ai beau le savoir, je n’avais pas toutes les données pour apprécier pleinement les manœuvres. Le roman montre bien qu’un mariage royal est surtout un marché complexe !
J’ai été étonnée de voir une Catherine non passive. Je connais le personnage surtout avec ce qui se passe ensuite avec Anne Boleyn. J’avais l’impression qu’elle subissait surtout sans trop manœuvrer. Ce roman la met en avant et j’ai découvert une femme fière, endurante et guerrière lorsqu’elle se mène ses troupes contre l’Écosse, alors même qu’elle est enceinte. J’ai même ressenti de la pitié pour elle, notamment durant la période où elle est abandonnée de tous.
Philippa Gregory part du principe que le premier mariage a été consommé. C’est assez probable pour plusieurs raisons, mais un tel mensonge est étonnant de la part d’une Catherine aussi pieuse. L’autrice propose une réponse à cette question de manière intéressante et cohérente avec son histoire, à défaut d’être vérifiée (je doute même qu’elle le soit). P. Gregory a souvent tendance à se permettre des libertés avec l’histoire pour justifier les choix de ses personnages, attention donc à ne pas prendre pour argent comptant ses écrits. Cependant, ce n’est guère étonnant lorsqu’un roman historique choisit de suivre des personnages officiels.
Le livre montre aussi à quel point les femmes ne sont que des marchandises, de simples cadeaux diplomatiques voire même des otages dans les jeux politiques.
-
Les points négatifs :
Si j’ai aimé ma lecture et que j’ai dévoré le roman, je dois reconnaitre que ce n’est pas pour sa qualité littéraire. Je n’ai pas trouvé le style particulièrement travaillé, mais peut-être est-ce dû à la traduction. L’autrice alterne la 3e personne et les pensées de Catherine à la 1e personne. C’est une solution de facilité assez grossière selon moi et une façon de ne pas choisir un point de vue.
Le roman est assez déséquilibré de mon point de vue. Une grosse moitié de l’œuvre s’intéresse à l’amour entre Catherine et Arthur à travers des scènes intimes pourtant répétitives. Pourtant, le mariage n’a duré que six mois, puisqu’Arthur Tudor meurt en avril 1502. L’autre moitié se consacre à ses fiançailles compliquées avec Henri, puis le début de leur mariage.
En revanche, nous avons une ellipse énorme à la fin du livre. Alors qu’elle débute une nouvelle grossesse, on passe directement au divorce. J’aurais aimé assister à la naissance de Marie et comment elle gère la peur de perdre cet enfant, puisque sa fille sera la seule à survivre. J’aurais aussi aimé suivre le divorce avec le point de vue de Catherine. Je soupçonne l’autrice de ne pas avoir traité cet épisode pour éviter la redite avec son livre
Deux sœurs pour un roi. Malheureusement, je ne lirai pas ce livre, car le film m’a beaucoup déçu par son choix de rendre effectif l’inceste d’Anne avec son frère George. Aujourd’hui, plusieurs historiens rejettent cette accusation, plus pratique que réaliste.
-
Bilan :
Je suis contente de ma lecture et si je reste sur ma faim pour ce tome. Ça m’a donné envie de re-refaire la série Les Tudors (une de mes préférées). Je lirai peut-être d’autres romans de Philippa Gregory, notamment ceux centrés sur la guerre des Deux-Roses.
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à aller voir ma vidéo juste ici:
Commentaire
Martin Coralie
septembre 15, 2023 at 11:03 amHello ! Intéressant ! Il me tente bien 😊 Par contre, pour avoir lu Deux soeurs pour un roi, si je me souviens bien, il n’y a aucune scène d’inceste et jamais ce n’est révélé ou tenté comme dans le film. On sait juste qu’Anne et son frère sont inséparables et s’entendent super bien. En tout cas, rien ne m’avait choqué il me semble et c’est le film qui a pris des libertés.