Quand on écrit un roman historique, il est important de bien se documenter pour être sûr de ne pas commettre d’erreurs voire d’anachronismes. Bien sûr, mon roman ne se destine pas à être un reportage, mais j’espère faire preuve de réalisme. Vous ne saurez pas si le lecteur a des connaissances ou non sur l’époque ciblée. S’il en a très peu, il appréciera surement d’apprendre, si c’est un spécialiste, la moindre incohérence pourrait le bloquer dans sa lecture. À éviter donc. De plus, ma formation d’historienne me rend assez allergique aux libertés historiques.
La Première Guerre mondiale a l’avantage de faire partie de la période contemporaine. Les sources sont donc abondantes et facilement accessibles (et pour la plupart tombés dans le domaine public) : films, articles de journaux, images, témoignages, lettres, etc. Avec la commémoration du centenaire, de nombreux sites, reportages et expositions se sont consacrés au sujet. Les sources sont donc abondantes.
Pour écrire « ma chère Louise », j’ai consacré environ trois mois rien qu’à la recherche. Je vous propose de vous présenter mes sources.
-
Les ouvrages scientifiques
La première guerre mondiale pour les nuls, de Jean-Yves Le Naour.
Ne riez pas, il est courant de voir des étudiants en histoire fonctionner avec cette collection, et franchement, je vous la recommande. Le livre a été écrit par un historien spécialiste de cette guerre. J’aime assez son ton parfois sarcastique et ses titres du genre « on prend les mêmes méthodes et on recommence », pour parler de la répétition des offensives comme stratégie, et qui n’ont servi qu’à décimer encore plus d’hommes. Encore une fois, c’est clair, précis et complet. Indispensable.
Peuples et nations d’Europe au XIXe Siècle, René Girault
L’Europe au XIXe, des nations aux nationalismes, 1815-1914, Jean-Claude Caron et Michel Vernus
Ces deux livres, je les avais dans ma bibliothèque pour les avoir lus à l’université. J’avais suivi un semestre sur la question des peuples et du sentiment national à cette période en Europe en 2e année. Ce sont surtout les deux derniers chapitres que j’ai relus, car ils concernent la montée des tensions autour de la question des Balkans notamment. Ces livres ne sont pas indispensables, mais à lire si la question vous intéresse.
-
Les témoignages
Bon là. Il y a pléthore. J’en ai lu que quelques-uns, surtout pour me plonger dans l’ambiance.
Paroles de poilus, lettres et carnets du front, 1914-1918, Jean-Pierre Guéno
Je n’ai pas du tout aimé cet ouvrage, d’ailleurs, je ne l’ai pas lu entièrement. Les lettres de poilus sont regroupées par saison (hiver, automne, etc.) et non par date chronologique, par région, par camp, ou par auteur. Ce qui fait qu’on peut lire deux lettres écrites au printemps, l’une en 1916, l’autre en 1918. Oui, mais voilà, ce n’était pas forcément les mêmes réalités, notamment en ce qui concerne la lassitude ou la technologie utilisée. J’aurais aussi aimé qu’on regroupe celles écrites par le même auteur, parce que vu le nombre de lettres compilées, on oublie vite le nom de leurs auteurs. Je pense que ce livre s’adresse plus à une classe avec le choix de quelques témoignages selon le thème voulu par l’enseignant.
A l’Ouest rien de nouveau, Erich Maria Remarque
Ce livre est particulier pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le protagoniste est fictif, mais l’auteur s’est inspiré de sa propre expérience du front. Le héros, Paul, lui ressemble sur certains points, notamment avec le cancer de leur mère. De plus, le livre suit le parcours d’un soldat allemand dont la réalité de la guerre est finalement assez proche de celles du camp d’en face. Enfin, le récit est une succession d’évènement et de pensées. C’est assez déstabilisant au début parce qu’il n’y aucune construction du récit.
-
Les archives
Ce site est entièrement dédié au sujet. Il est ultra complet, regorge de cartes, de photos, de documents d’archives, enrichis par les apports des archives régionales et départementales de France. Bref, une mine d’information.
Ce site dépend du Ministère de la Défense. Il s’intéresse à ce qui touchait l’armée durant la Première Guerre mondiale. Mais surtout, ce qui est très précieux, c’est que les journaux de marches des brigades et des régiments ont été numérisés. Imaginez ! On peut accéder aux rapports quotidiens : météo, attaques, nombres de morts ou encore la position de chaque bataillon. Un site précieux pour la recherche !
Ce site fait par un passionné liste tous les régiments français de la Grande Guerre, leur casernement, les différents lieux d’affectation, les batailles et les changements éventuels. À combiner avec le site précédent. Il m’a beaucoup aidé à choisir le régiment de mes deux personnages principaux.
Indispensable en ce qui concerne les documents d’archives, Gallica propose une multitude de textes numérisés, dont les journaux. C’est idéal pour savoir comment l’information était traitée à l’époque et selon les partis politiques.
-
Les lieux de mémoires
Parfois, rien de tel que de visiter un site de bataille pour prendre conscience des faits.

Casemate au HWK
Le Hartmannswillerkopf, Wattwiller, Haut-Rhin
En visitant le Viel-Armand, j’ai tout de suite su que j’allais y placer une partie de mon intrigue. L’exposition est fantastique, bourrée de renseignements et de détails. La visite des tranchées m’a vraiment touché. Je ne pensais pas qu’à certains endroits, il y avait moins de 10 m entre les deux lignes ennemies. Je m’imaginais une visite d’une heure maximum, j’ai mis environ 3 h.
Voici pour ce qui concerne les sources scientifiques. Je me suis aussi aidée des sources visuelles (reportages, images et films). Je vous les présenterais dans un prochain article. Il s’agit de mes principales sources. Il en existe de nombreuses autres et il suffit de taper quelques mots sur un moteur de recherches pour récolter plein d’infos. Attention cependant qu’elles soient valables.
2 Comments
baills
mai 15, 2019 at 8:36Bonjour,
Intéressant et passionnant ! J’adore les romans historiques, car cela permet d’apprendre tout en se faisant plaisir. Pour ma part, je devrais m’y coller aussi pour mon projet de roman, mais je suis toute la journée dans des publications scientifiques, alors pas trop envie de m’y mettre le soir de nouveau. Bon courage en tout cas, cela promet d’être passionnant.
Sinon, je ne savais pas que la collection les Nuls traitait aussi ‘histoire. Je regarderai en archéologie pour voir.
Nathalie
Amélie
mai 15, 2019 at 1:23Ah, je connais. J’ai très peu écrit durant mon master, j’avais envie de me vider la tête après une journée à la bibliothèque universitaire ou à rédiger mon mémoire. Finalement, je l’ai fait pendant les vacances d’été ou après.
La collection “pour les nuls” traite de pleins de sujets différents (maternité, gastronomie etc.). Chez moi, j’ai aussi “les grandes civilisations pour les nuls” qui est complet et aborde aussi des civilisations moins étudiées en Europe.